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Art à l'Ecole à Pierre de Lune
8 avril 2015

Slam à l'IND

Un projet Slam mené par Antonin del Hage dit Tonino et Gaspard Herblot, dans 4 classes de l'IND en 2e secondaire

Carte postale par Claire Gatineau, février 2015

 

"Une semaine, une semaine pour…

Pourquoi ?

Le savez-vous au premier jour ?

Ecrire…

Partager sur une scène  les mots choisis, ce qui se cache derrière, ce qui se met avec, ce qu’ils portent, ce qu’ils disent, ce qui vibre de vous en eux

Et pourquoi faire ?

Et ces personnes nouvelles que vous voyez pour la première fois, qui viennent dans l’école, que veulent-elles de vous ?

Des rythmes

Quoi des rythmes ?

Mardi

9 heures

Anderlecht

vous êtes 30

un grand groupe

vous êtes debout

je vous observe assise à l’extérieur du cercle

vos pieds tapent le sol, en 4 temps

puis les mains claquent entre elles à leur tour

grands, petits, vous êtes de toutes les tailles

 

- C’est compliqué pour tout le monde ! Mais ça va vous être très utile quand on va travailler le rap !


Les petits sont rapides, les grands hésitent, les filles sont concentrées, tous en cercle.

 

- On a presque fini le tour !

 

Les visages sourient et tout le groupe reprend le rythme.

Puis les bouches se préparent, les muscles de la bouche, les filles hésitent.

Des tchikitchikitchikitchiki, et avec les lèvres, des sons comme des balles de tennis

des langues qui claquent comme des gouttes de pluie

et d’autres qui se décollent du palais en faisant toc

l’air siffle en sortant de tes poumons et tu chasses un chat, psch psch ,

et puis tu dis S en inspirant, et tu finis par un K

Essaye, essaye, essaye quand même…

 

Changement de décors, une partie d’entre vous quitte la boutique culturelle pour retrouver la feuille et les mots à l’école. Dehors le bruit des enfants dans la cour.

 

Dans le grenier, vous formez un cercle à nouveau mais un cercle d’écrivains.

- Qu’est-ce que j’ai vraiment envie de dire ? C’est vous qui devez faire des choix.

Vous rejoignez les tables, les trousses et les feuilles.

 

- Monsieur !

- Comment il s’appelle déjà ?

- Gaspard.

 

Maman pour moi t’es la plus belle

Pour moi t’es une guerrière

 

Je me promène de table en table.

 

- Je m’appelle Christian, je suis toujours méchant

- Ecris les rimes avec an

- Christian, éléphant, ramadan…

- Je ne suis pas un éléphant, je fais le ramadan

- Attends attends, je vais le mettre !

Amin est inspiré. Ça papotte, ça échange entre poètes autour de la table.

- Moi je préfère avoir un paquet de riz qu’une Ferrari

- T’as mis éléphant ?

- Mais non, je veux pas mettre éléphant !

- Et t’écris quoi ?

- Je m’appelle Christian, ma maman m’a toujours dit

tu grandiras avec le temps

mais pour l’instant, je suis qu’un enfant.

 

Je me ballade entre vos mots.

 

Tu m’as laché la main, reviens juste une fois

S’il te plait, s’il te plait grand-père.

 

- Vous savez continuer ?

- Euh… je suis pas sure de quelques phrases.

 

Je chante en rappant

Pour dire le sentiment

Je fais du chant sans instrument

 

Toi tu écris seul à ta table et cherchant tes mots tu danses sur ta chaise.

 

- Heureuse et malheureuse, non, non…

- Heureuse et

- Heureuse et triste

- Je pars avec toi,

virgule…

 

Je vais voir celui qui danse en écrivant.

 

J’ai deux poumons.

J’ai un tee shirt à la tête et une carotte en Espagne

et je travaille la lettre.

 

- Et ce texte là, est-ce que tu as envie de le partager ? Parce que c’est très personnel. Tu l’as écrit pour toi, mais est-ce que tu as envie tout à l’heure de le lire devant tous les garçons et les filles de la classe ? Moi quand tu m’as lu ce texte, j’ai eu envie de pleurer. Ce qui est difficile, c’est qu’il faut parfois prendre de la distance.

 

Je change de groupe et retourne à la boutique culturelle.

Autre classe, autre énergie

 

Quoi que tu fasses tu seras toujours critiqué dans la vie

On parle sans savoir ce qu’on dit

 

Mais faut pas oublier qu’on a le même dieu

Que faut bien vivre ensemble pour bien connaître les autres

 

3 filles, téléphones en option, lisent leurs textes sur les petits écrans.

- Et moi je dis ça ? demande l’une d’entre vous.

Le soir, vous avez continué à écrire, à vous écrire, sur vos téléphones, correspondance à trois, la nuit, à distance.

 

Pendant ce temps, Tonino avance avec un autre poète.

 

- C’est qui elle ?

- Une fille

- Moi j’étais seul, elle est venue de nulle part. On dirait que c’est de la mort dont tu parles. On a l’impression qu’elle est venue te cueillir la mort. Essaye de réfléchir un peu. Qu’est-ce qui a pris ton cœur mon grand ?

- Une fille.

- Réfléchis, prends le temps de réfléchir. Mets toi sur la voix avec une rime.

 

Chacun bataille et ça ferraille, chacun avec ses mots, chacun avec son histoire.

 

C’était difficile de quitter ma famille et mes amis mais bon je suis venue en Belgique pour me battre et pour réussir plus tard, c’est comme ça dans la vie. Il y a des choses à surmonter.

 

- Entraine-toi à le dire à haute voix, d’accord ?

 

Ecrire, chercher, fouiller

- On n’a pas été sur internet, on l’a inventé nous-même !

Se disperser, se reconcentrer.

 

J’ai pas de potos, ma maison c’est le quartier

On vit dans un monde de trahison

J’aurais tant rêvé d’être avec toi

Roi Papa.

 

Comment approcher de ce que l’on veut dire ?

 

Le sommeil parti

3 petites princesses

 

- Ce que vous écrivez, vous l’adressez directement

J’encaisse, j’observe, je dis non, mais je retiens

Adressez-le ! Adressez-le et que ça percute !

 

Je vous quitte.

 

Jeudi.  C’est autre chose.

Jeudi, deux autres classes

Lundi mardi mercredi jeudi

La semaine entière moins 1

 

- Monsieur, j’ai rien compris !

- Ben justement j’ai encore rien dit !

 

La pression commence à monter.

Dans la boutique culturelle, une scène, des projecteurs et 4 micros.

 

- Est-ce que quelqu’un veut commencer ?

 

Trois filles se lèvent. Cachées derrière le rideau puis derrière leurs écharpes.

 

Je t’aime tellement que les mots ne sont plus suffisants

 

- Il y a des choses qui nous donnent des informations dont on n’a pas forcément besoin.

 

Vos main se glissent sous vos écharpes et vos écharpes remontent jusqu’à vos nez.

 

- On continue. Qui va passer ensuite ? Toi toute seule ?

 

Quand tu es avec elle son cœur se remplit de joie…

- Monsieur, j’ai oublié !

Stress

Mais peu à peu les mots s’adressent et les regards se lèvent.

 

Quand tu lui parles, des papillons dans le ventre

 

Tu sors, applaudissements.

 

- Moi je trouve que c’est déjà super mieux qu’hier, mais y a une sorte de ton un peu monotone.

 

Les nuances que tu donnes en chuchotant dans le micro.

 

Quand elle te voit, elle ne respecte plus la loi

 

- Varier quoi ? Le volume de la voix ?

- l’intonation !

- la vitesse !

 

T’as intérêt à faire ce que je veux

Sinon il n’a pas de nous deux

 

- Comment on chasse un chat ? Comment on dit bonjour au directeur de l’école le matin ? Selon ce qu’on dit, on change d’intonation. Vous avez déjà été en colère contre quelqu’un ?

 

Dans l’amour il faut accorder le bonheur, la ferveur et la peur

 

- Prenez vos épaules et laissez-les tomber. Respirez, inspirez ensemble.

 

Et si jamais tu me donnes de la souffrance

Tu ne mériteras jamais ma confiance

 

3 filles sortent de scène, et toi tu veux venir tout seul.

 

- Je peux prendre mon texte ? Parce que j’ai mis comment je dois dire les phrases dessus.

 

Imrame. Tu prends le micro. Tu as ce courage.

 

- Fais-toi confiance. Quand tu veux.

 

Briser mon être je ne le ferai pas

Je construis ma vie ici bas

Et ces mots un peu plus tard

 

Son âme est pure comme la lumière

 

Applaudissements.

 

- C’est chouette ce que tu fais avec ton regard.

- J’essaye de regarder les gens.

- Tu es un peu dans les nuages.

 

Puis, vous rentrez, 3 garçons.

 

Quand je stress, j’ai envie de me calmer

Quand j’ai envie de me calmer, j’ai envie de dormir

Quand j’ai envie de dormir, J’ai envie d’être tranquille

 

Vous cherchez les bon micros, les grands, les petits

Rires

Tu croises les bras, tu mets tes mains derrière le dos, tu respires,

tu frottes tes mains sur ton jean, tension

 

Destination Neptune

 

- On est au cinéma là, on est entrain de voir un film. On reprend du début ?

 

Nous allons quitter la base aérienne

 

- Je sais que t’as peur, je sais que c’est stressant, mais essaye de prendre le temps.

 

Nous sommes dans la fusée

La fusée est confortable

Il y a trois frigos de luxe

 

- Qu’est-ce qui est différents ?

- On vole !

- Est-ce qu’on le voit dans le corps ?

 

Ici c’est notre place

Chez nos frère vénusiens

Ici on est tellement bien.

 

Trois filles relayent les 3 garçons.

 

Dans la rue, le bus, le train

Serons-nous un jour serein ?

 

3 garçons

 

Frapper, placer, tirer, marquer

 

La voix tremble et se cherche, mais elle se trouve.

 

- Tu peux prendre le micro et dire le texte de dos ?

 

Juin 2012, j’arrive du Niger

Avec mes parents et mon frère

 

Tu racontes le départ, tout ce que tu as quitté

Silence pour ceux qui écoutent

 

On est parti d’Afrique parce qu’il n’y pas beaucoup de métiers

 

Ici, en Belgique des fois

Je voudrais retourner au Niger

 

Ici, en Belgique j’aime l’école

 

- Qu’est-ce que vous avez ressenti ?

- De la tristesse.

 

Tiago tire et rate

Il récupère la balle

Retire et marque

 

- C’est bien comme ça !

 

Je vous quitte et rejoins l’autre groupe, salle de classe, tables, chaises, lumière du jour, clocher au loin, calme.

Qui êtes-vous ? Que vivez-vous ? Qu’avez-vous écrit ?

Jeudi après-midi. Dernière ligne droite. Respirations nerveuses.

 

-Est-ce qu’il y a quelqu’un qui veut ouvrir le bal ?

 

Grand silence. Pas facile de se lancer. Il en faut du courage. Le silence dure puis

 

- Oui, c’est bon, j’y vais moi…

- Ah ! Adil !

- Dahoud et Davide.

- 5 et 6

- 8, 9, 10, 11, 12, 12, 14 15, et où est le 16 éme ? Il me semble que j’ai cité tout le monde.

On va faire le tout dans l’ordre, d’une traite, comme ça on voit un peu ce que ça donne l’énergie de groupe. On se met un peu dans les conditions de demain. On essaye ? Moi je dis rien du tout, j’observe, je dis rien, dit Tonino.

 

Ma mère ma chérie je t’écris ce texte aujourd’hui

Pour te dire que je t’aime à la folie.

 

Et parfois, le stress bloque la mémoire.

 

- J’ai tout mélangé, j’y arrive pas.

 

Avec cette parole je te remercie

Mais combien de fois je t’ai dis que tu es ma vie.

 

Applaudissements, vous passez les uns après les autres

 

Ma sœur ma meilleure amie

La fille à qui je raconte toute ma vie

On s’aime sans se le dire

On se comprend juste avec un sourire

 

L’amour n’est pas toujours facile

Des jours ont rit, des jours on pleure

 

Tous les jours dans son paysage

Il en a marre de ne voir aucun visage

 

Je suis fatigué, je veux m’adapter

Mais il me faut de la volonté

 

Du courage

 

Quand je fabrique un objet je veux en refaire

Quand j’installe des parquets, je gère

 

Et toi en levant la tête

Tu l’as regardé et tu as craqué

 

Un amour de jeunesse qui la complète et qui la blesse

 

Du courage il en faut

 

Malgré que tu es encore un gosse

Pour moi tu accomplies ton rôle de boss

 

Être adolescent n’est pas une chose facile

 

Pour calmer la détresse, je te donne des caresses

 

De toucher tes lèvres était mon seul rêve

 

Dans ce monde les gens sont influencés

Par l’argent qui n’est qu’un bout de papier

 

Je souhaite le bonheur des gens

Rêver le monde, un autre monde

 

Premiers pas, premiers mots

Première claque, premier vol

 

- Qu’est-ce que vous avez pensé de vous ?

- Moi je l’ai pas bien fait.

- J’aimerais bien un peu plus de solidarité. Du respect, de la solidarité et de la confiance. On essaye de profiter de ce moment un maximum.

 

Demain, que sera demain ? Un jour différent.

Comment mettre du corps dans vos mots ? Comment les rendre vibrants ?

Qu’ils vibrent jusqu’aux autres ?

Être là, seul au milieu des autres, mais fort.

Et à quoi jouent tes mains qui trahissent ta nervosité ?

Comment assumer ?

Si l’on savait au moment où l’on crée que l’on est un trésor

Au moment où l’on est ?

Que ces mots sont forts

Que notre vie est précieuse ?

Et faire en sorte que nos mains puissent faire partie du même corps que nous ?

Non ?

Ah si…

tu pouvais voir en toi

nous pouvions voir en nous

Les trésors que les autres y voient

Ah si

Tu voyais ces trésors.

A vous observer, voilà ce que je me dis, longue méditation qui se poursuit longtemps après.

Et je repars, vous ayant écouté, avec cette confiance.

Vos mots sont des trésors."

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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